dimanche 30 août 2015

Lectures du mois de septembre



 Tempête




Deux extraits 

"Tempête" : La mer est pleine de mystères, mais cela ne me fait pas peur. De temps à autre, la mer avale quelqu'un, une femme de la mer, ou un pêcheur d'hourites, ou bien un touriste imprudent que la vague a aspiré sur un rocher plat. La plupart du temps, elle ne rend pas les corps. Le soir, quand les femmes de la mer se réunissent devant la cabane de parpaings, pour se déshabiller et se laver au jet, je m'assois avec elles et je les écoute parler. Elles parlent dans le dialecte de l'île, j'ai du mal à tout comprendre. Elles ont un drôle d'accent chantant, on dirait qu'elles n'arrivent pas à oublier leurs appels quand elles sortent de la mer. Elles parlent la langue de la mer, une langue qui n'est pas tout à fait comme la nôtre, dans laquelle se mélangent les bruits qu'on entend sous l'eau, les murmures des bulles, le crissement du sable, les explosions sourdes des vagues sur les récifs.

"Une femme sans identité" Il a fallu faire l'inventaire. Les belles voitures avaient disparu depuis longtemps, il ne restait plus qu'une camionnette VW rouillée. La maison s'était remplie d'une foule de choses, tout ce qui provenait des magasins et du dépôt, des cartons de chaussures, des sacs à main, des coupons de tissu, des bouteilles d'alcool, des flacons d'eau de Cologne, des trousses de maquillage, des boîtes de biscuits Marie, des cartons de savonnettes, deux ou trois services en porcelaine, et même des ballons de foot dégonflés pliés en équerre. Toute cette camelote qui n'avait pas été saisie par les huissiers et que monsieur Badou avait soustraite à la confiscation dans l'espoir fallacieux de recommencer une vie ailleurs ! Il y avait quelque chose de comique, je dois dire, à vivre dans ce bataclan, à enjamber les colis et les cartons pour aller au W-C. c'était comme de vivre sur une plage au milieu des épaves. Çà rendait la ruine moins tragique.






                                
                                              J.M.G. Le Clézio © C. Hélie / Gallimard




 

Biographie de Jean-Marie Gustave Le Clézio

Jean-Marie Gustave Le Clézio naît à Nice en 1940. Il est le fils de Raoul Le Clézio, chirurgien, et de Simone Le Clézio. Ses parents sont cousins germains (tous les deux ont le même grand père Sir Eugène Le Clézio) et sont issus d'une famille bretonne émigrée à l'île Maurice au XVIIIe siècle où ils acquièrent la nationalité britannique à la suite de l'annexion de l'île par l'Empire. Le Clézio se considère lui-même comme de culture mauricienne et de langue française[6]. Il écrit ses premiers récits à l'âge de sept ans, dans la cabine du bateau qui le conduit avec sa mère au Nigeria où il va retrouver son père, qui y est resté pendant la seconde Guerre mondiale. L'écriture et le voyage resteront dès lors indissociables sous la plume de Le Clézio.
Il effectue ses études au collège littéraire universitaire de Nice, à Aix-en-Provence, puis à Londres et à Bristol. En 1964, il rédige un mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Études Supérieures sur le thème de « La Solitude dans l'œuvre d'Henri Michaux. »
Dès 23 ans, il devient célèbre lorsque paraît Le Procès-verbal, récit esthétiquement proche de L'Étranger d'Albert Camus et des recherches narratives du Nouveau Roman, baigné par le climat de la Guerre d'Algérie finissante, couronné par le prix Renaudot en 1963.
En 1967, il fait son service militaire en Thaïlande en tant que coopérant, et est rapidement expulsé pour avoir dénoncé la prostitution enfantine. Il est envoyé au Mexique afin d'y finir son service. Il participe à l'organisation de la bibliothèque de l'Institut français d’Amérique latine (IFAL), et commence à étudier le maya et le nahuatl à l'Université de Mexico qui le conduiront au Yucatán. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, il partage la vie des Indiens Emberás et Waunanas, au Panama. La découverte de leur mode de vie, si différent de celui qu'il connaissait jusqu'alors constitue pour lui une expérience qu'il qualifiera plus tard de « bouleversante ». Après un premier mariage en 1961 avec Rosalie Piquemal (avec qui il a une fille, Patricia), il se marie en 1975 avec Jémia, originaire du Sahara Occidental et mère de sa deuxième fille Anna. Ensemble, ils écrivent Sirandanes (recueil de devinettes proverbiales courantes à Maurice) et Gens des nuages.
En 1977, Le Clézio publie une traduction des Prophéties du Chilam Balam, ouvrage mythologique maya, travail qu'il avait effectué au Yucatán. Spécialiste du Michoacan (centre du Mexique), il soutient en 1983 une thèse d'histoire sur ce sujet à l'Institut d'études mexicaines de Perpignan. Il enseigne entre autres aux universités de Bangkok, de Mexico, de Boston, d'Austin et d'Albuquerque, mais en 1978 il ne peut accéder au poste de chercheur au CNRS.
À la fin des années 1970, Le Clézio opère un changement dans son style d'écriture et publie des livres plus apaisés, à l'écriture plus sereine, où les thèmes de l'enfance, de la minorité, du voyage, passent au premier plan. Cette manière nouvelle séduit le grand public. En 1980, Le Clézio est le premier à recevoir le Grand prix de littérature Paul-Morand, décerné par l'Académie française, pour son ouvrage Désert. En 1990, Le Clézio fonde en compagnie de Jean Grosjean la collection « L'Aube des peuples », chez Gallimard, dédiée à l'édition de textes mythiques et épiques, traditionnels ou anciens. Son intérêt pour les cultures éloignées se déplace dans les années 2000 vers la Corée, dont il étudie l'histoire, la mythologie et les rites chamaniques, tout en occupant une chaire de professeur invité à l'université d'Ewha.
En mars 2007, il est l'un des quarante-quatre signataires du manifeste « Pour une littérature-monde », qui invite à la reconnaissance d'une littérature de langue française qui ne relèguerait plus les auteurs dits « francophones » dans les marges ; et à retrouver le romanesque du roman en réhabilitant la fiction grâce notamment à l'apport d'une jeune génération d'écrivains sortis de « l'ère du soupçon. » Dans un entretien paru en 2001, Le Clézio déplorait déjà que « l’institution littéraire française, héritière de la pensée dite universelle des Encyclopédistes, [ait] toujours eu la fâcheuse tendance de marginaliser toute pensée de l’ailleurs en la qualifiant d'"exotique"». Lui-même se définit d'ailleurs comme un écrivain « français, donc francophone », et envisage la littérature romanesque comme étant « un bon moyen de comprendre le monde actuel.»
En octobre 2008, alors que paraît Ritournelle de la faim, inspiré par la figure de sa mère, il se voit décerner le prix Nobel de littérature. Sa première réaction est d'affirmer que la récompense « ne changera rien » à sa manière d’écrire.
Depuis de nombreuses années, il parcourt de nombreux pays dans le monde, sur les cinq continents, mais vit principalement à Albuquerque, et en France, à Nice et à Paris. Il a publié une quarantaine de volumes : contes, romans, essais, nouvelles, deux traductions de mythologie indienne, ainsi que d'innombrables préfaces et articles et quelques contributions à des ouvrages collectifs.
(Source Wikipédia) 





           Dans le grand cercle du monde


Dans le grand cercle du monde

Auteur : Joseph Boyden | Traducteur : Michel Lederer



Après Le Chemin des âmes et Les Saisons de la solitude qui l’ont imposé parmi les grands écrivains canadiens contemporains, Joseph Boyden poursuit une œuvre ambitieuse. Situé dans les espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle, ce roman épique, empreint tout à la fois de beauté et de violence, est d’ores et déjà considéré comme un chef-d’œuvre.



Trois voix tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures : celle d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron, et d’une captive iroquoise. Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour s’allier ou chasser ces « Corbeaux » venus prêcher sur leur terre. Trois destins scellés à jamais dans un monde sur le point de basculer.

Mêlant lyrisme et poésie, convoquant la singularité de chaque voix – habitée par la foi absolue ou la puissance prophétique du rêve – Boyden restitue, dans ce roman d’une puissance visuelle qui rappelle Le Nouveau Monde de Terrence Malick, la folie et l’absurdité de tout conflit, donnant à son livre une dimension d’une incroyable modernité, où « le passé et le futur sont le présent. »

« Le nouveau roman de Joseph Boyden est un livre surprenant, magistral, et très certainement le premier grand roman canadien du XXIe siècle. » The Vancouver Sun

« Un grand livre : déchirant, débordant de scènes d’action incroyables, habité par de magnifiques personnages et une formidable humanité. » The Globe and Mail

« Une épopée étonnante et, bien davantage qu’un simple roman, un livre sans âge, un classique-né. » The National Post
 Notes personnelles
"J'ai eu un coup de cœur absolu pour cet écrivain  en lisant le magistral "le chemin des âmes " Il rend  lumineuse  la question de la survie que ce soit dans la forêt nord-canadienne ou dans les tranchées, en exaltant la pureté de la nature et celle de l’âme des personnages.."

suivi par    Les Saisons de la solitude  .Il y a une grande force dans son écriture et ses personnages sont attachants on les suivraient jusqu'au bout de la nuit.. Dans la noirceur de leurs solitudes il y a la force d'une rédemption qui mène à la lumière. " 





Sa biographie

Il est né en Ontario en 1966, cadet de sept sœurs dans une famille de onze enfants. Il est canadien, de langue anglaise et a des ancêtres Cree. Son grand-père maternel a été combattant en France durant la Première Guerre mondiale1. Son père est un médecin militaire et a été l'un des plus décorés de la Seconde Guerre mondiale2 : « Il a été blessé à Monte Cassino, décoré. Jamais il ne m'en parlait. Quand j'étais enfant, il refusait qu'on chasse. Plus tard, j'ai rencontré son batman, comme on dit dans le jargon militaire canadien - son ordonnance. Il m'a appris qu'il avait fini lieutenant-colonel. Je l'ignorais ». Ce père meurt quand il n'a que huit ans1. Il fait une partie de son éducation dans un collège jésuite de Toronto, le collège Brébeuf (Jean de Brébeuf est un jésuite, missionnaire, brulé par les Iroquois en 1649). Adolescent, c'est un punk à la crête iroquoise. Il vit un moment dans la rue. Il étudie. Il exerce dans des concerts comme roadie (intermittent du spectacle). Il fait d'autres petits métiers, barman dans des pubs et même fossoyeur dans les cimetières. Il fait beaucoup la fête, et participe à des ateliers d'écriture3.
Il rencontre son épouse, la romancière américaine Amanda Boyden, à la Nouvelle-Orléans, dans un atelier d'écriture. Il est arrivé en 1987 à la Nouvelle-Orléans, accompagnant un groupe de punk-rock de Caroline du Sud, Bajooka Joe4. Ils se sont mariés en 1996.
Il prend son temps avant de commencer à écrire. Il tient également à rencontrer l'universitaire amérindien Georges E. Sioui sur ses projets d'écriture : « À Sioui j'ai apporté du tabac. Puis je lui ai expliqué mon projet. Je voulais sa permission»1. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles intitulé Born with a tooth (Là-haut vers le nord). Son premier roman, Three Day Road (Le chemin des âmes) remporte le prix Amazon en 2006. Ce roman retrace le périple de deux jeunes indiens Cree engagés volontaires pendant la Première Guerre mondiale. Son second roman, Through Black Spruce (Les saisons de la solitude), remporte le prix Giller en 2008. Une de ses conférences, donnée à l’Université de l'Alberta, est publiée en 2008 sous le nom de From Mushkegowuk to New Orleans: A Mixed Blood Highway. Il y dresse des similitudes entre les tribus des premières nations canadiennes et les souffrances des populations hispanique et noire en Nouvelle-Orléans, notamment après l’ouragan Katrina2. En 2014, The Orenda (Dans le grand cercle du monde) raconte les guerres fratricides entre indiens. Comme dans Three Day Road, trois voix se superposent dans le récit. Celle d'un jésuite français, qui n'est pas sans évoquer Jean de Brébeuf. Celle d'un chef huron dont la femme et les filles ont été tuées par les Iroquois. Et celle d'une jeune Iroquoise, habitée également d'un désir de vengeance5.
 

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