Immensité des pins, rumeur brisée des vagues,
contre le crépuscule et ses vieilles hélices
crépuscule tombant sur tes yeux de poupée,
coquillage terrestre, en toi la terre chante!
En toi chantent les fleuves et sur eux fuit mon âme
comme tu le désires et vers où tu le veux.
Trace-moi le chemin sur ton arc d'espérance
que je lâche en délire une volée de flèches.
Je vois autour de moi ta ceinture de brume,
mes heures poursuivies traquées par ton silence,
c'est en toi, en tes bras de pierre transparente
que mes baisers se sont ancrés, au nid de mon désir humide.
Ah! ta voix de mystère que teinte et plie l'amour
au soir retentissant et qui tombe en mourant!
Ainsi à l'heure sombre ai-je vu dans les champs
se plier les épis sous la bouche du vent.
contre le crépuscule et ses vieilles hélices
crépuscule tombant sur tes yeux de poupée,
coquillage terrestre, en toi la terre chante!
En toi chantent les fleuves et sur eux fuit mon âme
comme tu le désires et vers où tu le veux.
Trace-moi le chemin sur ton arc d'espérance
que je lâche en délire une volée de flèches.
Je vois autour de moi ta ceinture de brume,
mes heures poursuivies traquées par ton silence,
c'est en toi, en tes bras de pierre transparente
que mes baisers se sont ancrés, au nid de mon désir humide.
Ah! ta voix de mystère que teinte et plie l'amour
au soir retentissant et qui tombe en mourant!
Ainsi à l'heure sombre ai-je vu dans les champs
se plier les épis sous la bouche du vent.
Biographie
De 1910 à 1920, il fréquente le lycée pour garçons de Temuco au Chili. À treize ans déjà, il publie ses premiers poèmes et textes en prose. À partir de 1921, il étudie la langue et la littérature française à Santiago et la pédagogie. Il choisit son pseudonyme en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891), et veut devenir professeur de français. Il se fait très rapidement une renommée avec ses publications et des récitals de poésie.
À dix-neuf ans, il publie son premier livre Crepusculario, Crépusculaire. Suit, un an plus tard, Veinte poemas de amor y una canción desesperada, Vingt Poèmes d'amour et une chanson désespérée.
En 1927, Neruda entre au service diplomatique. Il devient consul à Rangoon, Colombo, Batavia, Calcutta, Buenos Aires. En décembre 1930, il épouse une hollandaise, Maryka Hagenaar (qu'il renomme Maruca), qui lui donne une fille : Malva Marina Reyes, née le 18 août 1934. En 1932, il rentre au Chili, en 1933, il publie Residencia en la tierra, Résidence sur la Terre.
À partir de 1935, il est consul en Espagne où il entretient des relations amicales avec Federico García Lorca qu'il avait connu à Buenos Aires et qui aura une influence déterminante sur sa vie et son œuvre, mais aussi avec Rafael Alberti et Jorge Guillén. Après le putsch de Franco du 18 juillet et l'assassinat de García Lorca, Neruda se fait l'avocat de la République espagnole. Il rédige J'explique certaines choses (sur la guerre d'Espagne) en 1937. Il est révoqué comme consul et commence España en el corazón, L'Espagne au cœur, qu'il publie en 1937 et dans lequel il franchit un pas décisif dans sa démarche. Son chant, « de sombre et solitaire, devient solidaire et agissant » (Jean-Paul Vidal). La même année, il fonde le Comité hispano-américain pour le soutien à l'Espagne et l'Alliance des intellectuels chiliens pour la défense de la culture.
Il fait la connaissance de sa seconde épouse Delia del Carril. En août 1939, il affrète un bateau, le Winnipeg, pour transporter des réfugiés espagnols de la France vers le Chili, sélectionnant soigneusement parmi eux ses amis communistes au détriment des trotskistes et des anarchistes. Il se verra reprocher d'avoir délivré un visa chilien à David Alfaro Siqueiros, organisateur de la première tentative d'assassinat de Trotsky du 24 mai 1940. Il fait des voyages au Mexique, à Cuba et au Pérou. Il visite la forteresse inca de Machu Picchu. En 1945, il est élu au Sénat et devient membre du parti communiste chilien.
En 1946, Neruda dirige la campagne électorale de González Videla qui, après son élection comme président, se révèlera être un dictateur farouchement anticommuniste. Le poète réagit par un discours au Sénat portant le célèbre titre d'Émile Zola : J'accuse ! Il échappe de justesse à son arrestation et se réfugie à l'étranger. Son exil en Europe le conduit en URSS, en Pologne, en Hongrie, en Italie. Il visitera également l'Inde et le Mexique. C'est là que paraîtra en 1950 son Canto General, Chant Général, écrit dans la clandestinité. L'œuvre est interdite au Chili.
Sa seule pièce de théâtre : Fulgor y muerte de Joaquín Murrieta, Splendeur et Mort de Joaquín Murrieta, est créée en 1967. Neruda publie, coup sur coup, La Barkarole, La Barcarole, Las manos del dia, Les mains du jour et Arte de pájaros, L'Art des oiseaux. En 1969, le parti communiste le désigne comme candidat à l’élection présidentielle, mais Neruda renonce en faveur d'Allende comme candidat unique de l'Unidad Popular. Après l'élection d'Allende, Neruda accepte le poste d'ambassadeur en France où il rencontrera Mikis Theodorakis et où il publiera La espada encendida, L'épée en flammes, et Las piedras del cielo (Les pierres du ciel), livres, dans lesquels sa méditation sur la solidarité nécessaire et le silence du monde, atteint son expression la plus intense. C'est lors de ce poste d'ambassadeur en France que son cancer de la prostate est diagnostiqué à l'hôpital Cochin où il est admis1.
Le 21 octobre 1971, Pablo Neruda obtient, après Gabriela Mistral en 1945 et Miguel Ángel Asturias en 1967, comme troisième écrivain d'Amérique Latine, le Prix Nobel de littérature. En 1972, il retourne au Chili et est triomphalement accueilli au stade de Santiago. Neruda rédige Incitación al Nixoncidio y elogio de la revolución, Incitation au nixoncide et éloge de la révolution.
Le Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili renverse le président élu, Salvador Allende. La maison de Neruda à Santiago est saccagée et ses livres jetés au bûcher2. Le poète et homme politique meurt le 23 septembre 1973 de « cachexie cancéreuse » selon son certificat de décès3. L'inhumation du corps de Pablo Neruda, transporté depuis sa maison saccagée jusqu'au cimetière central de Santiago, devient, malgré la surveillance policière, la première manifestation publique de protestation contre la terreur militaire du nouveau pouvoir militaire. À la fin de la dictature militaire, son corps est inhumé selon ses vœux aux côtés de sa compagne près de sa maison à la Casa de Isla Negra (en)4.
Le poète est officiellement décédé d'un cancer de la prostate, à la clinique Santa Maria (es) de Santiago. Cependant, à la suite de témoignages convergents (dont celui de Manuel Araya qui était à l'époque jeune militant que le Parti communiste chilien avait désigné comme chauffeur, garde du corps et secrétaire de Neruda5) soutenant que Neruda a été assassiné par injection létale à la veille de son exil pour le Mexique afin de l'empêcher de témoigner des crimes du régime dictatorial du général Pinochet 6, le parti communiste chilien a demandé le 2 juin 2011 l'ouverture d'une enquête pour déterminer les conditions exactes de sa mort7. L'exhumation des restes de Pablo Neruda, visant à déterminer les causes de sa mort, a été entreprise le 8 avril 2013 sous l'autorité du juge Mario Carroza6, le magistrat étant aiguillonné par le développement des enquêtes sur des morts suspectes, notamment celle de l'ancien président chilien Eduardo Frei Montalva : Eugenio Berríos (en), biochimiste chilien travaillant pour la DINA pendant le régime de Pinochet, est ainsi fortement suspecté de complicité d'assassinat en tant que concepteur de poisons sophistiqués8.Mais le 8 novembre 2013, le groupe d'experts internationaux a écarté l'hypothèse de l'empoisonnement. Le dossier judiciaire reste cependant encore ouvert9.
En 1974, l'autobiographie de Neruda Confieso que he vivido, J'avoue que j'ai vécu, paraît à titre posthume, extrait :
« Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir. »
Œuvres de Pablo Neruda
- J'explique certaines choses, 1937 Gallimard
- Les Hommes du Nitrate 1950 Gallimard
- Les vers du capitaine, 1952, Imprenta L'Arte Tipografica
- (es) Una Casa en la arena, textes de Neruda, photographies de Sergio Larrain, 1966
- Valparaíso, textes de Neruda, photographies de Sergio Larrain, éditions Hazan, 1991, (ISBN 978-2-85025-258-7)
- Influence de la France et de l'Espagne sur la littérature 1997 Caractères
- Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée 1998 Gallimard
- Né pour naître 1996/1996 Gallimard
- La Centaine d'amour 1995 Gallimard
- Premio nobel de littérature 1971
- J'avoue que j'ai vécu 1975, 1997 Gallimard
- Chant Général 1984 Gallimard
- La Rose détachée et autres poèmes 1982 Gallimard
- Les Premiers Livres 1982 Gallimard
- Splendeur et mort de Joaquim Murieta 1978 Gallimard
- Mémorial de l'île noire 1977 Gallimard
- Odes élémentaires 1974 Gallimard
- L'Épée de flammes 1973 Gallimard
- Incitation au nixonicide et Éloge de la révolution chilienne, 1973 adaptation de Marc Delouze (Éditeurs français réunis).
- Résidence sur la terre 1972 Gallimard
- Les Pierres du ciel - Les pierres du Chili, photographies d'Antonio Quintana, 1972 Gallimard
- L'Espagne au cœur 1938 Denoël
- J'avoue que j'ai vécu, Gallimard, 1987
- "Sévérité", traduction par Victor Martinez d'un poème inédit en français de Neruda, in moriturus no 5, Les Cabannes, 2005.
- Espagne dans le cœur , poème, 1937
- Oda a la manzana, poème, 1957
- Le livre des questions, édition Gallimard jeunesse10.
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