Bronislawa Wajs
Née en 1910 dans une famille de nomades harpistes, Bronislawa Wajs,
dite "Papusza", apprit à lire et écrire en cachette lors des haltes
hivernales, puis, après avoir commencé à chanter très tôt, composa des
ballades en puisant dans la grande tradition tzigane du récit improvisé.
Elle fut aimée et célébrée pour son talent, jusqu’au jour où ses poèmes furent publiés dans une revue par un poète polonais.
Papusza avait abandonné la vie nomade bien avant la mise en application
d’un programme de sédentarisation des Tziganes imposée par le
gouvernement dans les années cinquante. Or, on se servit malgré elle de
la publication de ses poèmes pour en faire un exemple d’assimilation
réussie, justifiant le bien fondé de ce programme appelé "La Grande
Halte". La loi tzigane fut inflexible : rien de la culture rom ne devait
être figée sur du papier. Papusza fut jugée pour avoir bravé l’interdit
en écrivant ses poèmes et pour avoir trahi son peuple en collaborant
avec des "Gadjé". Elle fut exclue, bannie à vie, elle mourut trente ans
plus tard dans l’oubli total ; « Évitée par les membres de sa propre
génération, elle fut inconnue de la suivante ».
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