dimanche 26 juillet 2020

Une belle découverte Sylvie Plath







Il existe parfois de belles rencontres par delà  l'espace et le temps . Des sensibilités qui se reconnaissent comme la fleur et l'insecte butineur ,  l'aube et la rosée,indissociables, je ressens alors un élan de reconnaissance  pour cette  poétesse , je frémis à chaque poème  .Ils ouvrent  en moi des espaces si proches.Comme si elle se trouvait derrière un  pan de ma vie .


 

Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932  à Jamaica Plaine   dans la banlieue de Boston , et morte  11 février 1963 Primrose        Hill (Londres) est une poétesse américaine , qui a écrit des romans , des nouvelles, des livres pour enfants et des essais. Si elle est surtout connue pour sa poésie , elle tire sa notoriété de The Bell Jar (en français , la Cloche de détresse ) , roman d’inspiration autobiographique qui décrit en détail les circonstances de sa première dépression au début de l’âge adulte.

PAPA et autres poèmes de Sylvia PLATH (1932-1963)



JE SUIS VERTICALE (28 mars 1961)

 

Mais je voudrais être horizontale.

Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre

Absorbent les minéraux et l’amour maternel

Pour qu’à chaque mars je brille de toutes mes feuilles,

Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif 

Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,

Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.

Comparés à moi, un arbre est immortel

Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,

Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

 

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,

Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.

Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.

Parfois je pense que lorsque je suis endormie

Je dois leur ressembler à la perfection —

Pensées devenues vagues..

Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.

Alors le ciel et moi converseront à coeur ouvert,

Et je serai utile quand je reposerai définitivement:

Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m’accorder du temps.







ARBRES D’HIVER

 

Les lavis bleus de l’aube se diluent doucement

Posé sur son buvard de brume

Chaque arbre est un dessin d’herbier –



Mémoires accroissant cercle à cercle

Une série d’alliances.

 

Plus de clabaudages et d’avortements,

Plus vrais que des femmes,

Ils sont de semaison si simple!

Frôlant les souffles déliés

Mais plongeant profond dans l’histoire –

 

Et longés d’ailes, ouverts à l’au-delà.
En cela pareils à Léda.

Ô mère des feuillages, mère de la douceur

Qui sont ces vierges de pitié?

Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.





ARIEL


Un moment de stase dans l’obscurité.
Puis l’irréel écoulement bleu
Des rochers, des horizons.

Lionne de Dieu,
Nous ne faisons plus qu’un,
Pivot de talons, de genoux ! ? Le sillon

S’ouvre et va, frère
De l’arc brun de cette nuque
Que je ne peux saisir,

Yeux nègres
Les mûres jettent leurs obscurs
Hameçons ?

Gorgées de doux sang noir ?
Leurs ombres.
C’est autre chose

Qui m’entraîne fendre l’air ?
Cuisses, chevelure ;
Jaillit de mes talons.

Lumineuse
Godiva, je me dépouille ?
Mains mortes, mortelle austérité.

Je deviens
L’écume des blés, un miroitement des vagues.
Le cri de l’enfant

Se fond dans le mur.
Et je
Suis la flèche,

La rosée suicidaire accordée
Comme un seul qui se lance et qui fonce
Sur cet œil

Rouge, le chaudron de l’aurore.



LES DANSES NOCTURNES

Un sourire est tombé dans l’herbe
Irrattrapable 

Et tes danses nocturnes où iront-elles
se perdre. Dans les mathématiques ?

De tels bonds, des spirales si pures —
Cela doit voyager

Pour toujours de par le monde, je ne resterai donc pas
totalement privée de beauté, il y a ce don

De ton petit souffle, l’odeur d’herbe
Mouillée de ton sommeil, les lys , les lys.

Leur chair ne tolère aucun contact.
Plis glacés d’amour-propre, l’arum,

Le tigre occupé de sa parure —
Robe mouchetée, déploiement de pétales brûlants,

Tes comètes
Ont un tel espace à traverser,

Tant de froid et d’oubli.
Alors les gestes se défond —

Humains et chauds et leur éclat
Saigne et s’émiette

A travers les noires amnésies du ciel.
Pourquoi me donne-t-on

Ces lampes, ces planètes
Qui tombent comme des bénédictions, des flocons —

Paillettes blanches, alvéoles
Sur mes yeux, ma bouche, mes cheveux —

Qui me touchent puis disparaissent à tout jamais.
Nulle part.





MOUTONS DANS LA BRUME

Les collines descendent dans la blancheur
Les gens comme des étoiles
Me regardent attristés : je les déçois.

Le train laisse une trace de son souffle.
O lent
Cheval couleur de rouille,

Sabots, tintement désolé–
Tout le matin depuis ce
Matin sombre,

Fleur ignorée.
Mes os renferment un silence, , les champs font
Au loin mon coeur fondre.

Ils menacent de meconduire à un ciel
Sans étoiles ni père, ,une eau noire.





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